Fonio au Sénégal, une alternative pour la sécurité alimentaire des populations

Le fonio est l’une des céréales traditionnelle les plus anciennes d’Afrique de l’Ouest. Originaire d’Egypte pour certains et des confins du Sud Sahara (Afrique centrale) pour d’autres, cette graine dite millénaire, possède de multiples vertus. Elle provient de la famille des graminées, de la tribu des paniceae, du genre Digitaria et de l’espèce Digitaria exilis. Entre la zone humide et la zone sahélienne, on retrouve plusieurs de ses variétés. Il est cultivé sur une bande allant du Sénégal au Tchad.
Origine
L’espèce cultivée au Sénégal, provient des plateaux de la République de la Guinée : Fouta Djallon (moyenne Guinée) et du pays Kissi (Guinée forestière). Cette spéculation s’est vite répandue dans le pays (régions naturelles de la Casamance, et du Sénégal Oriental). Grâce aux mouvements migratoires, cette espèce se retrouve également en Gambie. Au Fouta guinéen, le fonio a une forte représentation identitaire. Il constitue la principale référence alimentaire de ces régions.
Au pays de la Teranga, les régions de Tambacounda, de Kédougou, de Sédhiou, de Kolda au Sud et de Kaffrine concentre le taux de production du fonio. Sur ces territoires, ce produit agricole reste une culture des groupes ethniques : peulh du Fouta Tooro, bassari, jallonkés, tenda, kognagui (Kédougou, Kolda, Vélingara, Koungheul), des mandingues (Sédhiou, Tambacounda).


Le fonio, une culture apprivoisée mais mal valorisée

Irrégulière, la production nationale de fonio reste faible et inconstante d’une année à l’autre. Dans un contexte local où les besoins en alimentation ne cessent d’augmenter, son évolution est en dents de scie. Selon des données de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), la production du fonio a atteint 3 053 tonnes en 2000. En 2007, la filière a eu des catastrophiques avec seulement 889 tonnes récoltés sur une superficie de 1450 ha, pour un rendement moyen de 620 kg/ha avec :
20 % récoltés dans la région de Kolda
80 % dans la région de Tambacounda.
Deux ans plus tard, en 2009, le record de production est atteint 4 425 tonnes. Une capacité jamais égalée !

Actuellement, les estimations du Bureau d’analyses macro-économiques (Bame) de l’Institut sénégalais de Recherches agricoles (Isra) font état de 1 407 tonnes en 2018. Le faible rendement constaté n’encourage guère les acteurs de la filière.
Insuffisamment pris en compte dans les programmes et politiques de développement, le fonio est toujours resté le parent pauvre des initiatives étatiques pour accompagner les collectivités locales. Dans un autre volet, il ressort que le travail post-récolte du fonio est qualifié de “pénible”. Du battage au lavage en passant par le décorticage, les femmes souffrent le martyr. Ce détail contribue quelque peu au ralentissement de sa promotion nationale.
Et pourtant, le fonio pourrait jouer un rôle majeur dans la sécurité alimentaire du Sénégal. Pour cette raison, le Programme d’appui au développement de l’agriculture et à l’entrepreneuriat rural (Padaer) initié par le Ministère Sénégalais de l’agriculture, appuyé par le réseau des acteurs de la filière fonio veut multiplier, par quatre, la production de fonio.
Selon certains experts à l’instar de Cheikh Guèye, ingénieur agronome, les contraintes qui confinait la production du fonio à la place de culture culturelles sont en train d’être levées par la recherche par l’amélioration des techniques de culture et de transformation grâce à l’utilisation de machines de dernière génération.

Grande qualité culinaire et diététique

Par sa finesse, sa douceur, son goût et sa digestibilité, le fonio est très apprécié pour ses qualités gustatives, nutritionnelles, thérapeutiques. Denrée de grande qualité au plan culinaire et diététique, cette graine plus riche que les autres en calcium, magnésium, zinc et manganèse, il contient également deux fois plus d’acides aminés que les autres céréales, et notamment de méthionine et cystine, essentiels à la santé humaine mais qui nécessite un mélange alimentaire afin de faciliter la synthèse par l’organisme. Grâce à sa teneur en éléments insulino-sécréteurs, le fonio est particulièrement recommandée aux personnes diabétiques.

Après une période de forte concurrence subie par le riz, le fonio tente de reconquérir sa place en s’invitant dans les menus urbains. Au regard de ce dynamisme, le fonio se positionne comme une culture alternative pour doper l’alimentation des populations sénégalaises. Sur le marché, les marges bénéficiaires évoluent en fonction du degré de transformation, de finition et d’écoulement (local et export).

Téléchargez l’infographie

AgriAction est une initiative qui vise à vulgariser les résultats de la recherche agricole auprès des agripreneurs, afin de les sensibiliser sur la production et consommation des cultures locales à forte valeur nutritive et génératrices de revenus, dont le fonio. Après une collecte des données, nous avons réalisé l’infographie ci-dessus que nous mettons à disposition des agripreneurs, chercheurs, acteurs du développement, entreprises et citoyens, dans le but de promouvoir ce fruits comme alternative pour améliorer la sécurité alimentaire du Pays.

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Agriaction